Mise à jour le 12 mars 2024
Publié le 13 février 2024 Mis à jour le 12 mars 2024

Un an et demi après les premiers échanges avec les structures partenaires de la Boutique des Sciences en 2022-2023, il est temps de prendre le temps du recul et du bilan ! Retour sur une année riche en projets, en recherches partagées, et en enseignements mutuels.

L'année 2022-2023 a été riche pour la Boutique des Sciences : à partir des sollicitations initiales des structures et collectifs de la société civile intéressés pour collaborer avec le monde de la recherche, 11 projets ont pu être accompagnés sous la forme de stages de recherche de Master 2 et 3 sollicitations ont été travaillées dans le  cadre de projets tutorés de Master. Des projets à la croisée de thématiques diverses, de la place de la médiation dans le travail artistique aux transitions alimentaires et inclusives en passant par l'analyse du travail des animateurs/trices périscolaire, des travailleurs/ses pairs ou encore et des enjeux de l'accueil des réfugié.es et demandeurs/ses d'asile, etc., qui ont tous apporté leur lot de découvertes, d'enseignements, de rencontres, de remises en question et de perspectives.


Des stages de recherche de 6 mois riches tant pour les étudiant.es que pour les structures partenaires


Du côté des structures accompagnées par la Boutique des Sciences, le bilan des stages est largement positif. Les structures identifient le fait que même si le travail de recherche finalement mené par l'étudiant.e (en concertation avec son enseignant.e référent.e et, dans certains cas, le/la chercheur/se ressource associé.e au projet) n'a pas toujours répondu explicitement et directement à la question initialement posée par la structure, cette évolution de l'objet même de la recherche n'a pas été vécu comme un problème. Les structures témoignent d’un intérêt certain pour la démarche même de co-construction et ont pour la plupart pris une certaine distance vis-à-vis de la question initiale. Elles témoignent en revanche dans l'ensemble l'intérêt de ce "déplacement" progressif apporté par la démarche de recherche : l'approche distanciée permise par le projet et l'arrivée de l'étudiant.e leur a permis de mettre en perspectives leurs connaissances/compétences sur le sujet. Les structures soulignent également l'intérêt des compétences méthodologiques et scientifiques apportées par les étudiant.es (cartographie participative, conception d'une grille et réalisation des entretiens, questionnaires, etc.) qui leur ont permis de structurer et de valoriser leurs connaissances et observations.


Les étudiant.es soulignent quant à eux/elles leur intérêt pour les thématiques de recherche co-construites avec les acteurs/trices de la société civile, ainsi que la richesse de leurs expériences de recherches embarquées au sein de structures locales. Malgré certaines incertitudes, obstacles et difficultés propres à la démarche de recherche, tous.tes soulignent l'intérêt de penser une démarche de création de connaissances articulée aux enjeux et attentes du monde social. Ils évoquent la valeur des rencontres qu'ils ont faites et celle des expertises localisées et de terrain avec lesquelles ils/elles ont dialogué tout au long de leurs stages. Enfin, ils font également émerger des conditions favorables pour l'accueil et le bon déroulement de leur recherche au sein et en lien avec les structures d'accueil, notamment la préparation du stage en amont au sein de la structure et la mise en partage de la question de recherche (au sein d'un groupe de travail, d'un conseil d'administration ou de toute autre instance). L'accompagnement humain, méthodologique et conceptuel de la Boutique des Sciences autour des enjeux de participation en sciences est apprécié, tout comme l'interconnaissance et le partage avec l'ensemble des stagiaires tous confrontés à l'expérience de la recherche participative, autour de sujets et au sein de structures diverses.


Des livrables variés


Les résultats de chaque projet ont pris des formes variables, selon les attentes des structures et des étudiant.es et les perspectives d'appropriation/d'utilisation du travail de recherche. L'ensemble des étudiant.es investi.es dans le cadre des stages ont pu rédiger et soutenir leur mémoire de fin d'étude sur la thématique de leur stage. A cette "matière première" de la recherche que représentent ces mémoires sont venus s'ajouter d'autres types de livrables : trame de formation, cartographie, synthèses et rapports, etc. Autant de supports et de manières de restituer la recherche qui permettent aux étudiant.es de renforcer leur capacité à diffuser largement leurs contributions scientifiques, et aux structures de s'emparer concrètement des résultats de la recherche dans leurs activités.

Pour consulter ces livrables, consulter les fiches individuelles pour chaque projet.

Facilitation Graphique Lou Herrmann sur le travail d'Elina Payon (https://lou-herrmann.medium.com/)



Des sollicitations plus opérationnelles redirigées vers des projets tutorés de Master


En parallèle des stages de recherche proposés aux étudiant.es de Master 2, trois sollicitations recueillies dans le cadre de l'Appel à Manifestation d'Intérêt 2023 de la Boutique des Sciences ont pu être réorientées vers différents Master dans le cadre de projets tutorés. Ces sollicitations, souvent plus opérationnelles ou relatives au contexte organisationnel des structures demandeuses, sont ainsi devenues l'objet de sujets de travaux de groupes pour des étudiant.es des Masters Economie Sociale et Solidaire, Sociologie des Organisations et Psychologie Sociale du Travail et des Organisations.


Des "micro-projets" de recherche participative révélateurs des enjeux de posture du chercheur et d'appropriation citoyenne de la recherche


Les projets développés en lien avec la BDS ont été unanimement perçus par les structures partenaires comme un facteur accélérateur/amplificateur de questionnements, voire de remises en question, internes. Les structures décrivent des processus de recherche non linéaires, parfois ponctués de « turbulences », pendant lesquels la recherche est entrée en résonance (voire en confrontation) avec des points de questionnement (et parfois de tensions !) pré-existants au sein de la structure. Dans certains cas, les structures témoignent du fait que le stage/projet a eu des impacts directs et positifs sur la redéfinition/redistribution des rôles entre les personnes impliquées dans l’association (par exemple, redéfinition des rapports entre salarié.es et bénévoles) et/ou de créer de nouveaux espaces de discussion plus collectifs autour d’enjeux structurants pour la structure.

Du côté des étudiant.es, les expériences de stage s'offrent comme des opportunités singulières à la fois pour découvrir et s'inscrire dans le monde de la recherche et dans celui des associations. Elles répondent à leur attente de trouver un positionnement intermédiaire, connecté aux réseaux et pratiques de recherches, mais directement impliqué dans le monde social :

« Cela permet d'être entre plusieurs "mondes" : celui de la recherche, associatif et universitaire » ;

« J'ai apprécié l'autonomie, la liberté, la gestion de projet et le rôle de médiateur entre le monde scientifique et le monde associatif »

Cette posture intermédiaire n'est pas allée sans poser de nombreuses questions aux étudiant.es apprenti.es-chercheurs/ses : jusqu'où aller dans l'implication sur le terrain ? comment annoncer à une structure que les résultats de la recherche ne sont pas tout à fait ceux qui étaient attendus ? comment faciliter la participation des acteurs/trices à la démarche de recherche sans perdre sa responsabilité de chercheur/se ? Toutes ces questions ont pu être discutées et accompagnées, lors de réunions de suivis, de formations, de temps informels d'échanges avec les étudiant.es, etc.

En conclusion, si la plupart d'entre eux/elles ne connnaissaient que peu (ou pas) le monde associatif avant leur stage, ils expliquent que cette expérience croisée entre recherche et société civile leur a permis de construire un sens, ainsi qu'un sentiment d'utilité, au sein de leur parcours académique et professionnel. Plusieurs étudiant.es mentionnent que leur stage a changé la manière dont ils envisageaient le rapport entre la recherche et la société civile (notamment le monde associatif), et témoignent de leur envie de contribuer à nourrir et à renforcer ce lien.


Des pistes de prolongements pour les structures...


En ce qui concerne les suites possibles pour les projets menés en 2022-2023, des liens se pérennisent déjà entre certaines structures et certain.es chercheurs/ses. Ces rencontres qui sont rapidement devenues des relations durables entre universitaires et expert.es de terrain laissent augurer divers projets à venir : formations, collaboration sur le long terme avec un Master, co-élaboration d'une proposition de thèse CIFRE, réponse concertée à un appel à projets, etc. En outre, certains des stages accompagnés et proposés par la Boutique des Sciences ont permis de faire émerger des sujets structurants pour les structures partenaires, également objets de recherche pertinents et peu représentés dans le paysage scientifique actuel.